La culture est sans doute une des plus anciennes que l’homme ait pratiquée. A la fin du siècle dernier il y avait près de 176 000 ha de chanvre en France, on en cultivait dans presque toutes les régions.
C’était un acteur incontournable du quotidien et de l’économie et il avait de nombreux usages, depuis les vêtements ou les draps, jusqu’aux cordages et aux voiles pour la marine en passant par l’huile d’éclairage.
L’importance du chanvre a rapidement diminué dès la fin du 19eme siècle. La disparition de la marine à voile, la concurrence des fibres exotiques puis synthétiques, et enfin la prohibition interdisant la culture aux Etats-Unis suivis par la plupart pays occidentaux, ont fait qu’en 1960, le chanvre avait presque disparu de nos paysages.
La France n’interdira jamais la culture du chanvre mais encadrera la production par la qualification des variétés cultivables
et l’organisation des circuits de production. Cela lui permettra, non
seulement de remettre en route une production industrielle à partir de
1973, mais surtout d’acquérir de nombreuses compétences. Elle est le
premier producteur européen, mais surtout elle dispose aujourd’hui d’un
organisme de sélection et de production de semence performant et
réellement opérationnel, de producteurs et de transformateurs
compétents et d’une expérience inégalée dans de nombreux développements
comme, par exemple, les matériaux de construction.
Le nom botanique du chanvre est Cannabis. Certaines variétés peuvent
être utilisées pour des usages très éloignés des préoccupations des
industriels.
Près de 10 000 ha sont ensemencés chaque année avec des graines qui, conformément à la réglementation, produiront des plantes contenant au maximum 0.2% de THC, l’agent psychotrope du Cannabis. La CCPSC (Coopérative Centrale des Producteurs de Semences de Chanvre), membre de CenC, est pratiquement le seul producteurs de semences européens.
Des plus traditionnelles au plus modernes, les possibilités d’utilisation du chanvre sont nombreuses : cordages, textiles, pâtes à papier, litières, mais aussi fibres techniques, matériaux composites, cosmétiques, pharmacie, et, bien sûr, isolant et composant de bétons légers isolants
La lutte contre le réchauffement climatique est un défi majeur du XXIème
siècle. Tous les experts s'accordent pour penser qu'il ne pourra se
gagner sans remettre en cause fondamentalement les activités humaines
et en premier lieu tout ce qui touche à la construction et à l'habitat.
En France, le Grenelle de l'environnement, au-delà de la prise de
conscience qu'il a largement suscité, ne s'y est pas trompé en
consacrant le Chapitre 1 de la loi du 21.10.2008 à la performance
énergétique des bâtiments et en fixant des objectifs ambitieux : entre
autre, tous les bâtiments construits à partir de 2020 devront présenter
un bilan énergétique positif.
Dans ce contexte, les « solutions
chanvre » s'inscrivent dans une nouvelle pensée de la construction et
proposent des réponses globales et adaptées à des problématiques
complexes.
Le
choix des matériaux va d'autant plus se répercuter sur le résultat
global que l'on s'oriente vers de hauts niveaux de performances pour le
bâtiment. Et il est indispensable d'avoir une approche totalement
nouvelle de l'évaluation de la qualité des matériaux en prenant en
compte la globalité de leurs performances et des incidences à long
terme.
Les vertus des matériaux d'origine végétale - matériaux
« biosourcés » - y trouvent toute leur expression. Parmi eux, les
matériaux chanvre tiennent une place primordiale, grâce aux
spécificités de leurs production
Qu'il
s'agisse de mécanique, de thermique, d'acoustiques ou de durabilité,
les matériaux à base de chanvre sont dimensionnés pour répondre à
toutes les exigences indispensables à la construction d'ouvrages de
qualité.
De plus certaines de leurs caractéristiques, permettent
d'apporter des solutions pertinentes dans de nombreux cas. Par exemple,
la capacité de déformation des bétons de chanvre répond aux exigences
des structures bois que se soit en rénovation (remplissage de
colombages, plancher structure bois...) ou en construction neuve
(remplissage de construction à ossature bois, avec possibilité
d'enduit...)
Autre exemple, le fonctionnement hygrothermique des
enduits de mortier de chanvre peut être une solution adaptée pour
améliorer efficacement la consommation d'énergie des bâtiments anciens.
Enfin, le chanvre et les produits qui en sont issus ont toujours été reconnus pour leur résistance et leur durabilité .
Les matériaux de construction n'échappent pas à cette réputation ce qui
influence favorablement les autres performances des matériaux chanvre
L'approche globale des performances des bâtiments exige de prendre en compte les différents aspects de consommation d'énergie dont les deux principaux sont l'énergie liée au fonctionnement du bâtiment et l'énergie nécessaire à la production des matériaux (énergie grise).
Energie grise :
l'énergie nécessaire à la fabrication des matériaux chanvre est
relativement faible à valeur d'usage équivalente par rapport à la
plupart des matériaux de construction. Elle est essentiellement liée
aux process de fabrication (p.ex. : four à tapis roulant pour les
complexes isolants) ou aux matériaux complémentaires (p.ex. : liants
pour les bétons et mortiers) ainsi qu'aux transports. Cette
consommation d'énergie grise pourra diminuer à l'avenir par
l'optimisation des process de fabrication et surtout pas la limitation
des transports engendrée par le développement quantitatif des produits
et la multiplication de lieux de production plus proches des zones de
chalandise.
Que se soit au niveau de la consommation d'énergie (voir ci-dessus lien avec Chanvre et Construction>La Révolution Chanvre>Performances Energétique)
ou pour les autres impacts environnementaux, les matériaux chanvre ont
globalement des performances plutôt moins lourdes que les autres
matériaux de construction comparable.
Le chanvre étant une
culture annuelle facilement renouvelable avec des rendements
importants, cela se vérifie particulièrement en ce qui concerne la
consommation de matières premières difficilement renouvelables. Il faut
également noter que, même si cela n'apparait pas dans les analyses de
cycle de vie, la culture du chanvre ne demande pas (ou très peu)
d'intrant phytosanitaires (insecticides, fongicides, désherbants) -
(voir : Chanvre, Production, Filière)
Enfin, et surtout, comme tous les
végétaux, la croissance du chanvre s'accompagne de consommation de CO2.
Celui-ci va être stocké dans le matériau de construction, au moins
pendant sa durée de vie et plus pour peu que l'on assure un recyclage
du matériau ce qui est généralement relativement simple avec ce type de
matériau. Ceci permet d'envisager des constructions présentant un bilan
carbone nul : les Constructions Zéro Carbone.
Les
matériaux de construction présentant de bonnes performances
environnementales ont la réputation d'être coûteux. Toutefois, une
analyse objective doit prendre en compte un coût global incluant la
valeur d'usage, l'exploitation du bâtiment, l'entretien et, bien sûr,
la durabilité du matériau.
Par ailleurs, les matériaux à base de
chanvre ont des utilisations extrêmement variées et les performances
économiques sont également très variées en fonction des applications :
il serait donc simpliste de dire que les matériaux chanvre sont
« chers » ou « pas chers.
Par exemple :
On voit donc que, à la question
« est-ce que le chanvre c'est cher ? », on ne peut répondre par oui ou
par non mais que dans certains cas les matériaux chanvre peuvent être
économiquement très performant même en en coût de construction en
valeur absolu.
Il reste que, en particulier avec ce type de
matériaux, les coûts - immédiats et à long terme - sont très liés à la
pertinence de la mise en œuvre et un chantier bien préparé et bien géré
sera un gage d'économie.
Le chanvre aurait des centaines d'utilisations potentiels (voir : Chanvre, production, filière : utilisations) ;
en ce qui concerne la construction les utilisations en réelle
développement sont également très diversifiées entre les complexes
isolants en fibres de chanvre et les mortiers et bétons.
Ces
derniers permettent en effet, en faisant varier leurs constitutions, de
rentrer dans des applications très variées - dalles isolantes,
remplissage de murs, enduits isolants, préfabrication, isolation de
toiture... - et surtout de dimensionner leurs caractéristiques en
fonction des performances recherchées - thermique, acoustique,
esthétique...